Notre rapport aux bêtes, notamment la perception que nous avons d'une possible forme d'intelligence chez les animaux, a considérablement évolué au fil de notre histoire, avec un changement radical non pas imputable au christianisme comme on l'entend souvent, mais qui s'est produit à l'aube des Lumières. Le rationalisme signa alors une forme de rupture entre l'homme et la nature, qui relève de la même logique que celle établie entre le corps et l'esprit et dont le fondement se trouve dans le Discours de la méthode de Descartes (1596 -1650). Ce dernier résumait alors l'animal "à une machine mue par des automatismes". L'exception humaine constitua alors la doctrine fondamentale.Revenons en arrière, au Néolithique et à cette révolution dans l'histoire de l'humanité : le début de la domestication. Auteur de l'ouvrage Le silence des bêtes, la philosophe Elisabeth de Fontenay y voit le début des relations ambiguës que nous allions entretenir durant des siècles avec les animaux, la domestication signifiant à la fois un extraordinaire rapprochement entre les hommes et les bêtes, une sorte de confraternité, mais aussi leur réduction au statut de ressource alimentaire. Des rapports complexes Notre rapport aux animaux fut ensuite marqué par différents courants de pensée, dont ceux des Grecs anciens, notamment des sceptiques qui n'observaient pas de supériorité véritable de l'homme sur l'animal. Cette idée sera relayée par Montaigne dans son Apologie de Raimond Sebond, qui reconnaissait non seulement une parenté entre l'homme et l'animal, mais aussi l'aptitude des bêtes à raisonner et même à discourir. Puis il y eut le courant des aristotéliciens et des stoïciens qui établissaient une distinction en ne reconnaissant aux animaux que la voix, le son, par opposition aux hommes qui disposaient du langage articulé, logique et politique. Selon Elisabeth de Fontenay toujours, c'est surtout ce courant de pensée qui a marqué les rapports que nous allions entretenir ensuite avec les animaux. Notez qu'Aristote étant aussi un grand naturaliste, il attribuait aux bêtes une intelligence pratique développée,
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