Pendant cette première nuit, Noémie ne put s'empêcher de courir à nouveau auprès de son fils endormi. « Mon chéri »… lui murmura-t-elle en caressant doucement ses boucles brunes. Il semblait s'appliquer à dormir, les sourcils presque froncés, comme s'il était préoccupé dans son sommeil. Pourtant, elle ne doutait pas de le rendre heureux. Noémie se sentait prête à supporter tous les caprices du petit, auxquels elle comptait bien toutefois mettre le holà. Mais il allait falloir composer avec l'attitude permissive des Bussières. Le jour se levait et elle se rendit compte qu'elle n'avait pas dormi, perdue dans sa contemplation, à remonter sans cesse sur le petit corps la couverture qui glissait car Léopold remuait beaucoup. Elle crut à un moment qu'il allait s'éveiller à nouveau et s'apprêtait à regagner précipitamment sa chambre, mais non, Léopold se contenta de gémir. - Dites-moi, Monsieur Léopold, quand vous faites des cauchemars, de quoi rêvez-vous ? L'enfant terminait son bol de chocolat. Il en avait bien renversé une partie sur la nappe, histoire de provoquer Noémie, mais elle se contenta d'éponger sans broncher. Il tâcherait dorénavant d'être plus adroit, lui demanda-t-elle. L'enfant prit tout d'abord un air buté qui se mua vite en tristesse. - De mes parents, dit-il, le nez baissé vers son bol. - Et où sont-ils, vos parents ? - Vous le savez bien, répondit Léopold d'un ton rageur, ils sont morts. Noémie lui demanda ensuite si on lui parlait d'eux de temps en temps. - Oh oui, s'anima-t-il soudain. Mon papa était un grand cavalier et je vais souvent voir ses chevaux à l'écurie. Il est mort dans un accident de cheval d'ailleurs. - Et… votre maman ? - Elle, on ne m'en parle jamais. On me dit juste qu'elle est morte. Pourtant, ils doivent bien savoir des choses, non ? Ainsi, les Bussières ne s'étaient même pas donné la peine d'inventer quelque chose à son propos. Pour eux, elle n'existait plus, tout simplement. Oh ! cette moue que l'enfant fit soudain ! Comme d'une espèce de dégoût. Tout bébé déjà, il crispait parfois ses petits traits. Noémie contint alors l'envie violente qu'elle eut de le serrer contre elle et de le couvrir de baisers. - Que diriez-vous d'une promenade dans le parc ? dit-elle pour alléger l'atmosphère. - Mais il pleut ! remarqua Léopold en regardant par la fenêtre. Certes, il pleuvait, mais déjà les nuages s'éloignaient. Et puis, avait-il envie d'aller dehors ou pas ? Le petit restait perplexe. D'habitude, par mauvais temps, on le cloîtrait à l'intérieur où il faisait enrager tout le monde, tournant dans les pièces comme un lion en cage. - Je veux bien, finit-il par dire, comme s'il accordait une faveur à sa nouvelle gouvernante. Une demi-heure plus tard,
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