Messieurs, voilà le roi d'Espagne… C'était l'ordre du Ciel ; je l'ai accordé avec plaisir. Le 16 novembre 1700, Louis XIV présente en ces termes son petit-fils, Philippe d'Anjou, à une foule de courtisans estomaqués. Le roi d'Espagne Charles II, qui vient de mourir, a désigné comme successeur, contre toute attente, un membre de la famille Bourbon. « Il n'y a plus de Pyrénées ! » s'écrie l'ambassadeur espagnol à Paris. Accepter le testament du roi défunt n'a pas été un choix facile. Louis XIV est conscient que l'union familiale entre les deux plus grands royaumes européens entraînera un bouleversement durable des équilibres géopolitiques. Mais s'il craint la réaction des autres puissances du continent, le Roi-Soleil n'imagine pas l'ampleur de la crise qu'il est en train d'inaugurer, et encore moins que celle-ci va mener son royaume tout entier au bord de la ruine. PENDANT 40 ANS, TOUTE L'EUROPE ATTEND CE QUI ADVIENDRA QUAND CHARLES RENDRA ENFIN L'ÂME. En 1700, l'espace réuni sous la couronne d'Espagne est encore le plus grand du monde. C'est un mastodonte territorial en Europe, possédant les Pays-Bas méridionaux (la Belgique actuelle) et une bonne part de l'Italie - Milan, Naples et la Sicile. L'Espagne dispose en outre d'un empire colonial « où le soleil ne se couche jamais », de l'Amérique latine (Mexique et Pérou) jusqu'aux Philippines. Malheureusement, la splendeur militaire du XVIe siècle s'est ternie au siècle suivant, sous les coups de boutoir des Hollandais, des Anglais et surtout des Français. De prédateur, le royaume d'Espagne est devenu la proie de ses adversaires. Portrait d'un consanguin Jusqu'en 1700, la couronne de
Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Guerres & Histoire n°87 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.
Voir plus