En 1722, les Afghans s'emparent d'Ispahan après un siège mortifère de près de huit mois, sonnant le glas de l'empire déclinant des Safavides. Des années d'instabilité politique s'ensuivent, émaillées de guerres intestines, durant lesquelles d'éphémères dynasties se succèdent. Mais à la fin des années 1770, Agha Mohammad Khan, l'un des chefs de clan de la tribu turcomane Qadjar, se lance dans la reconquête et la réunification des territoires autrefois contrôlés par les Safavides. Parvenu à ses fins, il se fait proclamer Shah à Téhéran en 1796, inaugurant ainsi une nouvelle dynastie. Hystérique et cruel, il est cependant assassiné dès l'année suivante. Son neveu, Fath Ali, qui lui succède, entame des réformes administratives pour affermir son pouvoir. « Mais du fait de sa position géographique, la Perse devient rapidement le théâtre de la rivalité entre un Empire russe désireux de s'étendre en Asie centrale, et l'Empire britannique qui veut protéger ses possessions en Inde de ces velléités expansionnistes. Elle sera l'une des scènes importantes du “Grand Jeu” qui les opposera tout au long du XIXe siècle », souligne Thierry Kellner, spécialiste du MoyenOrient (Université libre de Bruxelles). Et dans ce jeu, la Perse va perdre beaucoup. À l'issue d'une première guerre contre la Russie, entre 1804 et 1813, le Shah est, de fait, contraint en vertu du traité de Golestan d'abandonner les provinces du Caucase et sa souveraineté sur la mer Caspienne. Treize ans plus tard, les fréquentes incursions russes sur le territoire iranien poussent
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