Tout était rangé. L'appartement était net après ce déjeuner de dimanche et je m'étais assise, à côté de Blaise, pour lire les petites annonces du journal. - Voilà ce qu'il nous faut ! Écoute… « Petite maison neuve, cinquante mille francs, facilités de paiement, jardin huit cents mètres carrés. » Je m'attendais à voir mon mari partager mon enthousiasme, décrocher le téléphone. - À vrai dire, Colette, j'allais justement te parler d'une maison. J'avais bondi sur mes pieds, joyeuse. Il y avait près de dix ans - depuis la naissance de Didier, en fait - que nous économisions pour réunir la somme nécessaire à acheter un logement qui soit bien à nous. - Veux-tu dire aux enfants de se préparer ? Nous allons faire un tour en voiture. Il parlait gaiement mais je le sentais inquiet. Depuis quelque temps, d'ailleurs, il n'était plus le même. Je ne voulus pas le questionner davantage. Il voulait certainement me faire une surprise. Les enfants étaient toujours heureux, le dimanche, quand nous nous empilions dans la voiture, achetée d'occasion. Blaise était né à la campagne ; ses parents étaient des fermiers. S'il était venu travailler en ville et était devenu chef de chantier pour le compte d'une société de travaux publics, son amour pour la terre était resté vivace et il l'avait communiqué à ses enfants. D'ailleurs, quand nous nous étions mariés, treize ans plus tôt, nous habitions le même village, lui et moi. Il y avait cependant une différence : je n'aimais pas la vie de la campagne, ni l'inconfort des installations rurales. J'avais fait mes études à Pontoise, ville proche du bourg où nous habitions, et après avoir obtenu un diplôme commercial, j'avais occupé un poste d'aide-comptable dans une cimenterie de la région. C'est ainsi que j'avais rencontré Blaise. Nous nous étions aimés au premier regard et mariés trois mois après. Blaise avait toujours été un excellent mari et nous avions vécu raisonnablement, économisant pour acheter la maison de nos rêves. Brigitte était venue au monde au bout de la première année de mariage et, après la naissance de Didier, j'avais cessé de
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