Nicolas était en route depuis bientôt plus d'un mois. Il avait quitté Fontainebleau, laissant derrière lui de bons souvenirs. Mais il désirait à présent en collectionner d'autres en partant à la découverte de son pays. Il était jeune, il rêvait d'aventures. Il était parti sans avoir de destination précise. Mais il avait cependant choisi de prendre la direction du sud, songeant qu'en descendant, les hivers seraient toujours moins rigoureux que dans le Nord. Il n'avait emporté qu'un petit baluchon contenant deux vêtements de rechange et des souliers, espérant très vite obtenir un travail dans la première ville qu'il atteindrait. Cela lui permettrait d'obtenir les moyens de continuer sa route vers d'autres contrées. Mais il avait déjà traversé trois bourgades et dans chacune d'elles il s'était vu répondre, dans les selleries où il s'était présenté, qu'on ne recherchait pas d'employé. Il avait continué son chemin, espérant avoir plus de chance dans la ville suivante. Fabriquer des harnais pour les chevaux était le seul métier qu'il n'ait jamais exercé. Son père qui travaillait dans une sellerie de Fontainebleau le lui avait appris. Quand, après avoir rénové le château où nombre de ses prédécesseurs avaient vécu, François 1er venait séjourner à Fontainebleau, c'était accompagné d'une nuée de gentilshommes. Leurs attelages avaient souvent, après de longs voyages, besoin de réparation, et l'on s'arrêtait à la sellerie, judicieusement installée par le patron sur la route du château. D'apprenti, Nicolas était rapidement devenu sellier en titre aux côtés de son père, jusqu'au décès de celui-ci, terrassé par un vilain coup de froid. Cela remontait à un mois, date à laquelle Nicolas avait décidé de démissionner, ne se sentant pas le courage de continuer à travailler sans la présence de son père. Il avait alors quitté sans regret Fontainebleau, où aucune attache ne le retenait. Il n'avait pas connu sa mère, morte en couches. Il n'avait en poche que son dernier salaire quand il s'était mis en route, et ne pouvait donc pas s'offrir de nuits dans des auberges. On était au printemps, il faisait plutôt doux,
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