Cette année 1925 était pour Gary celle qui marquait un retour au bonheur. Il avait une nouvelle petite amie. Une voisine de palier qui avait emménagé dix-huit mois plus tôt et dont il était tout de suite tombé amoureux. Elle avait un prénom délicieux : Emma. Il avait lu Madame Bovary . Ses parents, tous deux dans l'enseignement, étaient friands des auteurs français et l'avaient incité à les étudier. Mais son Emma à lui ne ressemblait en rien à l'héroïne de Gustave Flaubert. Elle n'était pas mariée, donc ne trompait pas son mari, elle n'était pas riche, et ne pouvait donc pas dilapider l'argent. Elle n'avait pas le temps de s'ennuyer, elle travaillait. Elle n'était pas française, mais américaine, elle n'était pas provinciale, puisqu'elle habitait Los Angeles. Elle était toujours d'humeur égale. Le contraire de Jennifer, sa précédente compagne. Il se demandait encore comment il avait pu supporter cette dernière durant ces dix mois et cinq jours - il avait compté - passés auprès d'elle. Colérique, envieuse et, ce qui l'avait déterminé à rompre, intéressée. Il était l'un des nombreux techniciens qui travaillaient dans les studios de cinéma hollywoodiens de Los Angeles. Il avait rencontré Jennifer, serveuse de café, lors du mariage d'un ami. Elle lui avait tout de suite plu et, à son attitude avenante, il avait imaginé la réciprocité. Il avait découvert plus tard qu'elle savait quel métier il exerçait lorsqu'ils s'étaient vus la première fois et ne l'avait fréquenté que dans le seul but d'approcher des réalisateurs. Il l'avait appris à ses dépens : elle voulait devenir actrice. Au début de leur liaison, elle avait simplement émis le désir d'assister un jour à un tournage et, n'y voyant pas de mal, il l'avait emmenée. C'était depuis devenu une habitude. On acceptait la jeune femme sur les plateaux, elle se faisait discrète. Jusqu'au jour où il l'avait surprise, en passant devant une loge d'acteur, en train de se laisser peloter par le premier assistant d'un réalisateur. Il avait enfin ouvert
                                                
                                                Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4082 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.
                                            
                                            Voir plus