Les derniers enfants accélèrent le pas pour atteindre la porte de l'école avant que le père Mougins ne la referme. Cela n'arrive jamais car le vieux concierge, consciencieux et souriant, observe les alentours chaque matin pour ne laisser aucun élève à la porte. L'école d'une petite ville de province se veut moins stricte qu'un collège parisien, même si le directeur prend parfois un air sévère quand il intervient pour sévir en raison d'une mauvaise conduite. Mougins, un gardien de communale comme on n'en fait plus, aimé des enfants qu'il prend sous son aile, ainsi que des parents auxquels il rend de menus services, comme garder leur progéniture dans sa loge s'ils sont en retard au moment de venir les rechercher à la sortie des classes. Un regard à droite vers l'église, un autre sur la gauche en direction de la mairie : plus aucun élève à l'horizon. Tous sont entrés. Le père Mougins s'apprête à refermer à 8 h 35 - il laisse toujours une marge de cinq minutes aux retardataires - mais il arrête son geste en apercevant Mlle Valérie Rimbaud en pleine discussion avec un homme, près de sa voiture. Valérie est la nouvelle maîtresse du cours élémentaire. Elle a 22 ou 23 ans à peine, est jolie comme un cœur et sympathique avec tout le monde. Sans ses lunettes sur le nez, Mougins doit froncer les yeux pour reconnaître l'individu. Il est vite rassuré puisqu'il s'agit de M. Legoff, le père du petit Tim, un élève de la classe de Valérie. Lorsqu'il croise le regard de la jeune maîtresse, le gardien lui fait un signe de la main pour lui indiquer de se presser. Elle hoche la tête et met un terme à sa conversation, oubliant de serrer la main que lui tend Legoff. En passant près du gardien, elle lui adresse son plus joli sourire. - Merci, monsieur Mougins. Sans vous je ratais le début de mon cours ! - Dépêchez-vous, le directeur a commencé
                                                
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