Félix guette le retour de sa compagne depuis plus d'une heure. Cette femme, il l'aime plus que de raison. Il admire sa détermination et sa capacité à toujours se sortir d'affaire. Rien qu'à la manière dont Charlotte Chabanis vient de claquer la porte d'entrée de sa maison, Félix comprend qu'elle est en colère. Il n'est son amant que depuis sept mois, mais il a très vite appris à la connaître, et surtout à deviner ses humeurs. Il l'a même méticuleusement observée, car il tient à ne jamais la heurter. Il a pour principale ambition de la rendre heureuse, de deviner ses attentes afin de les combler, pour qu'elle ne regrette jamais de l'avoir rencontré et, presque aussitôt, de l'avoir accueilli chez elle. Il entend Charlotte commencer par enlever ses chaussures, comme elle le fait toujours, mais elle bougonne et a des gestes brusques, ce qui confirme à Félix qu'elle est furieuse. Pas seulement parce que cet hiver 1919 est plus rigoureux que les précédents, depuis plus d'un mois. Peut-être a-t-elle été mal reçue par Louise ? Louise n'est que la belle sœur de Charlotte, la sœur aînée de son défunt mari, mais comme elle est veuve sans enfant, et presque aveugle de surcroît, Charlotte se sent obligée de passer lui rendre visite chaque soir, pour vérifier qu'elle va bien et que sa domestique entretient la maison de son mieux. Maintenant, Charlotte entre dans le bureau où Félix l'attendait en écrivant ses souvenirs de guerre, et elle déverse sa colère sur son amant. - Regarde ce que m'a offert Louise. Une bague ! Félix remarque à l'annulaire de sa maîtresse une nouvelle bague, presque trop imposante pour la main fine de Charlotte. Trois rubis taillés en forme de poire et rehaussés par de multiples petits diamants. - Elle ne te plaît pas ? lui demande-t-il. Ce qui suffit à la faire sursauter.
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