Dans son laboratoire aux allures de tanière d'alchimiste, Heike Kamerlingh Onnes lisse son épaisse moustache. Nous sommes le 8 avril 1911 à l'université de Leyde (Pays-Bas), et le physicien manipule prudemment un étrange appareillage : bardé de tubes, de pompes et de réservoirs, il permet de refroidir la matière à des températures infimes. Si glaciales, en fait, qu'elles frisent carrément le zéro absolu, la plus basse température imaginable : 0 kelvin (0 K), soit - 273,15 °C ! L'objectif du scientifique ? Observer le comportement de la matière dans ces conditions extrêmes. Et aujourd'hui, il veut mesurer l'influence du froid sur le passage d'un courant électrique dans du mercure, ce métal liquide qu'on trouve notamment dans les thermomètres. « Eh bien ? » lance Onnes à son étudiant Gilles Holst. « Diable ! s'écrie le jeune homme qui n'en croit pas ses yeux. Le courant électrique a traversé le mercure sans la moindre résistance ! C'est arrivé brusquement, quand la température a atteint - 269 °C, soit 4 °C au-dessus du zéro absolu… » L'équipe s'active, vérifie plusieurs fois l'expérience, mais Onnes finit par se rendre à l'évidence. Comme il le griffonnera dans un carnet : « Le mercure est passé dans un nouvel état qui, du fait de ses propriétés électriques extraordinaires, pourrait être appelé état supraconducteur. » Ainsi commence l'histoire de la supraconductivité, un phénomène qui, en
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