La Revue Nationale de La Chasse - Le numéro 865 du 17 septembre 2019

À sa parution en 1962 aux États-Unis, Le printemps silencieux (Silent Spring) de Rachel Carson fit l'effet d'une bombe. Son argumentaire se résumait au constat que les oiseaux ne chantaient plus, car ils mouraient empoisonnés par les pesticides. Cet ouvrage prophétique marqua profondément et durablement les esprits et contribua à l'éveil d'une conscience écologique. Désormais, ce sont les pesticides et les effets des dérèglements climatiques qui nous préoccupent. Ils concernent entre autres les oiseaux, dont les migrations et les habitats sont bouleversés avec ce malheureux constat qui s'impose aujourd'hui : s'adapter ou disparaître.Certains oiseaux tirent bénéfice du phénomène De nombreuses incertitudes demeurent cependant quant aux capacités de la flore et de la faune à s'adapter à un nouveau contexte climatique, à coloniser d'autres niches écologiques ou à supporter une compétition interspécifique qui ne manquera pas de s'instaurer. Ainsi, certaines espèces parmi lesquelles des oiseaux qui nichent dans les régions arctiques (les bernaches nonettes, par exemple) en tirent plutôt avantage. La réduction de la banquise, la fonte du permafrost et celle plus rapide de la neige bouleversent les cycles végétaux. Les herbages se forment plus tôt dans la toundra, offrant des conditions de nidification plus favorables aux oies et à de nombreux limicoles. Dans le même registre, la progression de la forêt boréale vers le Nord gagne chaque année, c'est énorme, un kilomètre sur la toundra. Un tel phénomène aura forcément à terme un impact positif sur la phénologie de la reproduction chez la bécasse comme chez quantité d'autres oiseaux nichant dans la forêt boréale. Si pour quelques oiseaux, notamment nordiques, le changement climatique semble plutôt favorable sur le court terme avec davantage de nourriture et d'habitats disponibles permettant une meilleure reproduction, il met aussi en concurrence des

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Les historiens médiévaux ont accompli un rêve de chercheur en lançant le chantier de Guédelon, un véritable château médiéval, avec les moyens de l'époque et grandeur nature dans l'Yonne. Derrière ce projet architectural ambitieux, inédit, pointe un pari fou de passionnés éclairés : celui de mettre en pratique, dans une construction monumentale pour mieux les valider, la somme des connaissances archéo-expérimentales, et recréer ainsi l'univers passionnant des grands bâtisseurs. Une idée de génie qui a également emballé l'ensemble des historiens et le grand public, très nombreux à visiter l'édifice et à se passionner par le suivi de ce laboratoire à ciel ouvert. Ce dernier est aussi devenu un succès financier. Et pourquoi donc, nous autres, chasseurs, ne ferions-nous pas de même autour d'un projet qui se-rait tout autant à même d'emporter l'enthousiasme de la communauté scientifique, écologique, ainsi que d'un large pan de la population, qui n'a jamais été aussi attentive qu'aujourd'hui au devenir de la biodiversité de nos campagnes. Et si nous aussi, chasseurs, inventions notre “Guédelon”. Un projet de territoire ambitieux, dédié aux écosystèmes vertueux, preuve éclatante de la légitimité de nos ambitions d'écologistes de terrain. Tout en restant dans le registre de l'imagination sans contraintes de moyens, sachons nous montrer ambitieux et envisageons une unité territoriale d'une taille qui serait suffisante. Quelques milliers d'hectares, que nous pourrions même arrondir à dix mille (soyons fous !), qui seraient à cheval sur des communes mitoyennes et volontaires et permettraient ainsi, pourquoi pas, de stimuler

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En pays bocager, pour agrandir les parcelles et réduire les coûts d'entretien, le linéaire des haies est passé de 3 millions de kilomètres à moins de 700 000 suite aux remembrements successifs entrepris depuis les années 1960. Les vergers traditionnels et les petites vignes ont également disparu, en même temps que les vieux arbres têtards. Cette transformation des paysages agricoles, qui a beaucoup affecté les espèces gibiers, a plus généralement entraîné un appauvrissement de la biodiversité. Nous en ressentons d'autant plus les effets aujourd'hui, ces bouleversements constituant un facteur aggravant pour la pérennité des écosystèmes et même de l'agriculture lors des épisodes de sécheresse répétitifs dus aux dérèglements climatiques observés ces dernières années. La haie, composante essentielle du bocage Le rôle écologique des haies semble désormais évident à une époque où l'on ne cesse de nous rappeler que les sols s'appauvrissent et que le climat se réchauffe. Car la haie ne constitue pas seulement un réservoir de biodiversité riche en insectes, un refuge contre les intempéries et les prédateurs pour oiseaux et mammifères, des aires de reproduction et de nourrissage de première importance pour tout un bestiaire. Elle exerce aussi un rôle de régulateur de l'humidité et par là même du climat local dont nous avons grand besoin au-jourd'hui. Elle freine l'érosion des sols, limite le ruissellement, donc les risques de crues dévastatrices hélas toujours plus fréquentes. La suppression des haies et le reca-librage des fossés et des ruisseaux sont en effet directement associés aux inondations. Nombre de catastrophes liées aux dérèglements climatiques auraient été sinon évitées en tout cas limitées si nous n'avions pas touché aux haies dont l'arasement a d'abord été préconisé dans les années 1960-1970, puis la replantation dans les années 2000, ceci sans jamais encourager les agriculteurs qui les avaient préservées à les

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C'est après un long périple transalpin que nous contournons le village médiéval de San Gimignano, avant d'emprunter une petite route sinueuse qui plonge dans la nuit. Les indications d'Antonella étaient précises : « après le dernier rond-point il faut suivre la route trois kilomètres, puis prendre à droite sur un chemin qui vous mène à la ferme ». Nous suivons ces indications à la lettre et enfin nous débouchons après deux kilomètres de piste défoncée, sur le bâtiment de l'exploitation agricole qui fera office de camp de base pour les trois prochains jours. L'hospitalité italienne En Italie le tourisme rural a trouvé ses lettres de noblesse depuis belle lurette et l'agriturismo di Castell-vecchio tenu par Antonella et son frère Salvatore en est un sublime exemple. Ces deux jeunes quadras ont repris l'exploitation il y a quatre ans à peine, pour y entamer une rénovation en profondeur leur permettant d'y accueillir des visiteurs

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C'était une pièce de colza prometteuse qui se dressait à hauteur de genoux, seule, au milieu de la plaine d'octobre. La matinée durant, les perdreaux avaient échappé aux nemrods qui battaient la campagne. Aux yeux du chasseur fatigué, la parcelle était donc le théâtre idéal pour le rendez-vous final, celui qui déterminerait l'issue de la chasse du jour. En entrant dans le champ, l'activité redoublée du springer était venue confirmer le bon pressentiment qui animait le petit groupe. Il fallait presser le pas pour coller au chien, mais très vite, on le vit s'éloigner d'une trentaine de mètres. Jusqu'au coup de rein décisif, celui qui annonce l'imminence de l'action. Dans un “fla-fla” magistral, la voici qui s'élance au-dessus de cette grande

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L'expérience de la chasse des grives se résumait pour moi jusqu'ici au tir de quelques musiciennes et mauvis au cul levé dans une moutarde, dans une haie d'épine noire en octobre, ou à une poignée de draines affûtées sous le gui de hauts peupliers. Je suis donc heureux de découvrir cette chasse avec ses réussites, ou ses bredouilles, la présence ou non d'oiseaux, et le charme de cette quête dans un paysage sublime où se mêlent vigne, garrigue, rocaille et les grands étangs littoraux du Languedoc. L'importance de la météo La traversée des monts du Cantal enneigés sur notre route nous rend optimiste. En cette mi-janvier, le froid et la neige sont de la partie

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