Cahiers de Science & Vie : Dans Les quatre guerres de Poutine, vous écrivez que la figure de ce dernier incarne l'histoire de la Russie. Qu'emprunte-t-il aux tsars et aux autocrates du passé ? Sergei Medvedev : Le poutinisme est une forme de « rétro-politique » ou, pour reprendre les termes du sociologue Zygmunt Bauman, une retrotopia , une utopie construite sur le passé, une sorte de Make Russia Great Again . Il s'agit de revenir à 1945, quand Staline, Roosevelt et Churchill étaient penchés sur la carte du monde et se la partageaient ; ou bien à 1814/1815, quand les cosaques se tenaient sur les Champs-Élysées, puis que la Russie participait au Congrès de Vienne ; ou encore au demi-siècle qui a suivi et à 1848, quand elle constituait le gendarme de l'Europe et la gardienne de l'Ancien Régime. Ce sont pour Vladimir Poutine les temps glorieux, l'empire glorieux que nous avons perdu, et il pioche dans le passé comme dans un menu. Les Russes se laissent facilement berner, car pour beaucoup l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) était une bonne chose, et ils jugent l'Occident responsable de son effondrement. Et puis, au-delà de l'idéologie, la
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