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Les Veillées des Chaumières - Le numéro 3663 du 10 décembre 2025

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La Une de Les Veillées des Chaumières n°3663 du 10/12/2025

Au sommaire de ce numéro

Les Veillées des Chaumières 3663 Au pays de la soie de mer

Au pays de la soie de mer

Léon remonta le chemin qui menait à la crique, en jetant un coup d'œil inquiet au soleil. Il était sans doute plus de midi et même en marchant vite, il ne serait probablement pas rentré à l'heure pour le déjeuner à la Locanda dei pescatori (L'auberge des pêcheurs), où il résidait. Depuis une semaine qu'il s'y était installé, ce serait son premier retard. Il espérait que Marcella Di Biasi, la pittoresque aubergiste, qui régnait sur son petit monde en maîtresse de maison autoritaire et volubile, ne s'en offusquerait pas. Arrivé au sommet de la colline, le jeune homme ne put s'empêcher de s'arrêter pour admirer la vue. La mer Méditerranée s'étendait à perte de vue, au-delà du golfe, offrant ses reflets au ciel immaculé qui semblait communier avec elle. Quel bonheur d'avoir découvert par hasard cet endroit ! se félicita le jeune homme, en reprenant sa marche. Il était arrivé dans l'île de Sant'Antioco, alors qu'il s'apprêtait à quitter la Sardaigne pour embarquer en direction de Palerme. Un voyageur rencontré dans un café avait éveillé sa curiosité et l'avait décidé à modifier le cours de son périple. Jusqu'à présent, il avait suivi la route qu'il s'était tracée en préparant son voyage. Embarquement à Marseille pour la Corse, qu'il avait découverte avec plaisir, tant tout ce qu'il y avait vu l'avait enchanté. Puis la Sardaigne, qui lui avait presque autant plu. Pour la suite de son voyage, il prévoyait de partir pour la Sicile, puis de visiter la Grèce avant de rejoindre Naples et de remonter jusqu'au nord de l'Italie, avant de rentrer à Paris. Le jeune homme accomplirait ainsi ce « grand tour » que Georges et lui s'étaient promis de faire ensemble durant leurs études de droit à la Sorbonne. Un sentiment de tristesse l'envahit à l'évocation de son camarade tombé au front. Une année entière était passée depuis la fin de la guerre, mais Léon ne parvenait pas à oublier les deux années de cauchemar qu'il avait subies, comme tant d'autres jeunes gens de sa génération. Il aurait aimé que ses mauvais souvenirs s'effacent, comme les vagues effacent les messages sur le sable, mais ils restaient malheureusement gravés en lui et les visages de son meilleur ami et de ses camarades le hantaient toujours, en 1919. Lorsque l'armistice avait été déclaré, il se trouvait à l'hôpital, blessé par un tir d'obus, et n'était pas parvenu à se réjouir de cette nouvelle, tant les quatre années passées lui apparaissaient comme un immense gâchis. Il accéléra sa marche, autant pour éviter de remuer ses vieux souvenirs que par une crainte diffuse de la réaction de Marcella Di Biasi. -Mio Dio ! s'exclama cette dernière en le voyant arriver, fourbu. J'étais à deux doigts d'appeler les carabinieri en ne vous voyant pas revenir ! Avec vos promenades le long de la côte, j'ai cru qu'il vous était arrivé malheur ! Léon se retint de rire face à l'expression mi-scandalisée, mi-dramatique de l'aubergiste, mais il fut attiré par une odeur de cuisine qui lui chatouillait agréablement les narines. - Je vous ai mis de côté une assiette de calamars frits, dit Marcella, en s'apercevant de sa réaction. Vous devez mourir de faim, mon garçon, vous qui n'êtes déjà pas bien épais ! -Grazie mille, madame

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Les Veillées des Chaumières 3663 Par un beau matin d'automne

Par un beau matin d'automne

Sachant ce qui l'attendait à son retour, et les complications qu'une nouvelle intervention de sa part auprès de Silvio Conti n'allaient pas manquer de provoquer, Esther s'empressa de tourner les talons. Elle alla chercher son sac et enfila simplement un cardigan sur sa robe car le soleil toscan vibrait déjà de tous ses feux. Sur le trajet jusqu'à l'arrêt de l'autocar puis durant tout le parcours, jusqu'au centre-ville, elle s'obligea à se concentrer sur le paysage qui défilait derrière la vitre, mais les nombreux chaos, assortis aux violents coups de klaxon qui retentissaient à chaque virage, la ramenaient malgré elle aux remarques que lui avait faites Félix Montoriol, le jour de leur rencontre dans la pinède, à propos de la conduite imprudente des Italiens. Elle se rappelait lui avoir répondu vertement, tout effrayée qu'elle était. Peut-être, lui aussi, gardait-il de cette première rencontre un souvenir teinté d'amertume? Il n'en avait pourtant rien montré lors de leur entrevue au cabinet. Au contraire, il semblait heureux de la voir, soucieux de l'aider… c'est du moins ce qu'elle avait ressenti. Elle s'en voulait de penser sans cesse à lui. Cela ne ressemblait à rien. Il était avocat et elle… elle n'était rien du tout. En outre, après avoir éprouvé tant de défiance à son égard, elle avait du mal à comprendre ce qui l'amenait à ne voir en lui, aujourd'hui, qu'altruisme et intégrité. Sans doute parce qu'elle savait son sort lié à l'enquête qu'il s'était proposé de mener… C'est dans un état d'esprit légèrement apaisé qu'Esther descendit de l'autocar. Elle enfila alors le dédale des petites rues animées qui menaient chez Nonna mais une fois là-bas, elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue. Sa grand-mère, en lui ouvrant la porte, lui opposa un visage fermé à double tour. Un baiser donné du bout des lèvres tomba sur la joue d'Esther. - Entre, dit la vieille dame, mais il était clair que le cœur n'y était pas. En entendant le bruit de leurs voix, Madeleine s'était avancée avec une expression enjouée qui disparut aussitôt qu'elle comprit que sa sœur arrivait les mains vides. - Tu m'avais promis un cadeau ! Du tissu pour une robe et puis, d'autres choses ! piailla-t-elle. - C'est vrai que je n'ai pas tenu ma promesse, admit la jeune fille, contrite. - Tu reviens pour de bon, j'espère ! maugréa sa petite sœur. - Pas exactement, soupira Esther. La fenêtre entrouverte laissait filtrer les bruits de la rue. L'après-midi était déjà bien avancé, ce qui expliquait la présence de Madeleine dont les cours se terminaient après le déjeuner, ainsi que cela se pratique dans les écoles italiennes. Comme si elle sentait qu'elle était de trop, la fillette quitta brusquement la pièce. Une seconde plus tard, la porte du palier s'ouvrait et se refermait. - Où va-t-elle, à cette heure ? s'étonna Esther. - Chez une camarade de classe : Roberta. Elle habite tout près. Elles sont devenues inséparables depuis ton départ. Les rares paroles qui s'échappaient de la bouche de la vieille dame sonnaient comme un reproche. Esther ravala la rancœur qui vibrait en elle. Elle était venue pleine de bonnes intentions

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Les Veillées des Chaumières 3663 Faveurs royales

Faveurs royales

Le lit que Christina avait quitté peu avant minuit pour courir au chevet de la princesse Mathilde avait gardé l'empreinte de son corps. Nerveusement, Christina enleva son amazone. Elle se calma seulement après avoir enfilé sa chemise de nuit et s'être glissée entre les draps. Alors, bien qu'elle ait écouté tous les bruits dont elle découvrait souvent la provenance (va-et-vient de la brosse sur les marches de pierre du hall, coups de pioche dans la terre meuble du jardin, heurts de casseroles contre l'impressionnant fourneau, rires brefs des servantes lutinées par quelques domestiques non moins gais, trépignement des chevaux que l'on sortait un à un de leurs boxes pour les conduire au manège… ), la jeune femme finit par s'endormir. La matinée était largement avancée quand on frappa à sa porte avec insistance. La voix d'Ingrid résonnait dans le corridor. Christina passa en hâte sa robe de chambre et alla ouvrir. - Eh bien ! Pourquoi tout ce tapage ? - La princesse Mathilde… La femme de chambre reprenait difficilement son souffle. - Elle a perdu connaissance… Ô Votre Altesse, que faut-il faire ? - Avez-vous appelé son médecin ? interrogea-t-elle, tout en se dirigeant à grands pas vers les appartements de la douairière. - Kurd est allé le chercher. Christina pénétra dans la chambre. Elle n'y entrait jamais sans hésitation. Une forte odeur de plantes macérées et de chloroforme imprégnait l'atmosphère. Pour l'heure, inerte dans son lit à colonnes, le visage grimaçant, la malade semblait bel et bien à l'article de la mort. La sueur qui perlait à son front indiquait combien elle avait dû souffrir avant de sombrer dans l'inconscience. Christina, surmontant sa répugnance, prit le poignet décharné et tâta le pouls. - Est-elle morte ? Ingrid, la gorge nouée, fixait la scène avec des yeux exorbités. La jeune femme la rassura d'un ton bref. - Une syncope. Nous n'avons plus qu'à attendre le praticien. Elles demeurèrent toutes deux dans la pénombre de la pièce, assise de chaque côté du lit. La femme de chambre priait à voix basse. Ses chuchotements agaçaient Christina. Elle-même n'éprouvait pas le besoin de s'adresser au Seigneur. Elle n'aimait pas Mathilde et Mathilde le lui rendait bien. Ses calomnies étaient à la base du ressentiment de Stephan. Elle n'avait pas cherché à dissuader son neveu de s'adonner à la débauche. Sans doute se délectait-elle de l'affliction de Christina, de son ennui, de ses rancœurs. Était-ce parce qu'elle n'avait eu, dans son jeune temps, aucune compensation à sa laideur physique ? L'homme quelle aimait en secret l'avait fuie, comme les autres… Sa dot n'avait point suffià attirer le plus cupide d'entre eux, peu soucieux de s'allier à une femme dont on disait qu'elle pactisait avec le démon. Une réputation qui ne pardonne pas. Plus

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Les Veillées des Chaumières 3663 Cinq femmes dans l'Histoire

Cinq femmes dans l'Histoire

I. Olympe La photo trônait depuis des lustres sur le buffet de la salle à manger, immuable, et verrait passer devant elle plusieurs générations de Mathouret. Les femmes de ménage qui se succéderaient dans la maison auraient ordre d'en prendre le plus grand soin. Un jour, l'une d'elles en briserait le verre qui la protégeait en l'époussetant, et se verrait sévèrement réprimandée. Le cliché, d'une taille estimable, avait été pris en 1913 devant la maison du 8, rue de la Franche-Pierre, à Villiers, à trente kilomètres de Paris. Mais on n'apercevait de celle-ci que le bas des fenêtres de la façade, la famille occupant à elle seule tout l'espace. On y voyait au centre Eugène Mathouret, assis, l'air satisfait, comme repu, les moustaches blondes cirées, en guidon de vélo, les mains bien à plat sur ses genoux écartés, une imposante chaîne de montre étalée sur son ventre proéminent de bourgeois qui a réussi dans la vie. À sa droite se tenait son épouse Olympe, replète elle aussi, à l'allure douce et discrète, vêtue d'un chemisier blanc à jabot et col montant, et affichant de lourds bandeaux de cheveux foncés. À sa gauche, les mains timidement croisées, Angélique, une jeune fille un peu maigrelette, brune comme sa mère, qui levait vers l'objectif un regard légèrement en biais. Aux pieds du chef de famille, s'étalait de tout son long un grand chien, qui semblait poser, lui aussi, coulant vers le photographe ses doux yeux aimants. Derrière le premier rang, on pouvait voir, debout, bien plantés sur leurs jambes, le menton relevé comme lançant un défi, trois jeunes hommes, à peu près du même âge, les cheveux strictement plaqués en arrière, qui regardaient droit devant eux, avec cette expression sombre et ardente qu'on voyait déjà, mais comme atténuée, dans les yeux de leur mère. Celui qui semblait un peu plus jeune portait des lunettes. C'était apparemment eux qu'il fallait regarder. Le titre de la photo, joliment calligraphié en bas, sous les pattes repliées du chien, ne disait-il pas « Eugène Mathouret et ses fils » ? - Pas très gentil pour toi et Grand-mère, dirait Annette à sa mère Angélique vingt-cinq ans plus tard, en contemplant la photo. À la limite, on remarque davantage le chien que vous deux ! C'était un mâle sans doute ! ajouterait-elle, sarcastique. - En effet, répondrait sa mère en riant. C'était une brave bête qui s'appelait Tango et que ton grand-père vouvoyait. Un redoutable chien de chasse. Quant à cet…

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Les Veillées des Chaumières 3663 Concoctez un festin inoubliable

Concoctez un festin inoubliable

Ingrédients : 6 tranches de saumon fumé Mowi - 1 botte - de ciboulette - 1 petite échalote - 300 g de fromage frais - 10 cl de crème liquide entière - 50 g d’œufs de lump - 50 g d’œufs de saumon - poivre blanc moulu. Réalisation - Lavez et ciselez la ciboulette ( gardez-en quelques brins pour la décoration). Pelez l'échalote et ciselez-la finement. Coupez 4 tranches de saumon fumé en petits morceaux. - Écrasez le fromage frais à l'aide d'une fourchette dans un bol et délayez-le avec la crème pour l'assouplir. Incorporez ensuite délicatement les petits morceaux de saumon, l'échalote et la ciboulette ciselées, les œufs de lump et la moitié des œufs de saumon. Poivrez. - Placez la tartinade dans un bol et déposez les 2 tranches de saumon fumé restantes au centre. Décorez du reste des œufs de saumon ainsi que de la ciboulette. Réservez au frais

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Les Veillées des Chaumières 3663 L'amour en équilibre

L'amour en équilibre

A trente ans à peine, Mathieu Maréchal venait de créer son entreprise de maçonnerie. Plus jeune patron de la région, il faisait la fierté de sa famille ; depuis toujours on l'avait encouragé à devenir « son propre maître ». Qu'est-ce qui l'avait poussé à se lancer dans ce métier plutôt pénible ? À supporter l'intense froid de l'hiver et les chaleurs parfois torrides de l'été ? Métier où il fallait transporter de lourds matériaux ? C'était Nicolas, son propre père. Lui-même avait été ouvrier maçon toute sa vie. Il lui avait souvent parlé de la modeste fierté qu'il éprouvait, même s'il n'avait fait « qu'empiler des parpaings », à chaque fois qu'il passait devant un bâtiment où il avait apporté, disait-il en riant, « sa pierre à l'édifice ». À présent, son fils ressentait la même chose. C'était des maisons entières qu'il voyait sortir du sol, sous sa direction. Il avait bataillé dur pour en arriver là, travaillé seul, avec acharnement, les deux premières années. Puis, le bouche-à-oreille fonctionnant, sa réputation sérieuse et son efficacité firent le reste ; les demandes de chantiers affluaient. Les clients appréciaient son travail, sa constante bonne humeur, son soin à terminer les travaux dans les temps - ce qui le démarquait de bon nombre d'entreprises du secteur. Il avait pu dès lors embaucher un, puis deux ouvriers, travailler sur plusieurs chantiers à la fois. Il était récompensé de ses efforts : l'argent rentrait. Désormais, il songeait à réaliser son rêve : construire une maison pour lui, sur un terrain qu'il avait repéré. Il était impatient de quitter le petit appartement qu'il louait. Il arriva un soir chez ses parents, à qui il rendait régulièrement visite. Quel plaisir de voir sur leurs visages le même sourire épanoui ! Il fut bien sûr retenu à dîner. - Maman… dit-il au dessert, en sortant un dossier de sa sacoche. Tu pourrais… - Bien sûr, mon grand ! répondit Catherine en s'emparant des feuilles qu'il lui tendait. Il s'agissait d'un devis à établir. Car les multiples talents de Mathieu cachaient une faille secrète, un handicap

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