Jeanne Chabrand souriait en écoutant Émilie, sa jeune femme de ménage, lui faire un compte rendu de toutes les rumeurs qui circulaient à Cléneville. Elle venait de lui révéler que le pharmacien du port était sur le point de divorcer, ce qui n'était guère surprenant puisque l'on insinuait depuis plusieurs mois qu'il entretenait une liaison avec la patronne de l'hôtel des Lys, mais elle s'interrompit et coupa le courant de l'aspirateur : - J'ai oublié de vous raconter le principal. Un homme s'est enfui hier du service psychiatrique de l'hôpital. La police le recherche mais, à mon avis, il est déjà loin. Émilie interrompit son bavardage pour vérifier qu'elle n'avait rien oublié, puis elle demanda à Jeanne : - J'espère que je ne vous ennuie pas, avec toutes ces histoires. - Pas du tout, sourit Jeanne avec indulgence. - Vous êtes gentille, répondit Émilie. Mme Clama-dieu prétend que je serais plus efficace sur la poussière si je parlais moins. Mais moi, j'estime qu'on peut faire les deux à la fois. N'est-ce pas ? - Sans doute, acquiesça Jeanne, pas vraiment convaincue. En réalité, elle jugeait, elle aussi, qu'Émilie bâclait son travail. Mais elle la faisait venir chez elle chaque lundi pour se sentir moins seule et rester informée de la vie du port. Car Jeanne souffrait de son isolement, dans cette grande maison qu'elle avait achetée sur les falaises qui dominaient le port de Cléneville. D'autant qu'elle sortait rarement de chez elle, puisque sa profession consistait à écrire des scénarios de téléfilms policiers. - Cette semaine, il faut que j'astique vos cuivres, soupira la femme de ménage. Si vous restez près de moi, je vous raconterai le hold-up qui est survenu hier à la bijouterie de M. Godest. Le pauvre homme en est tout traumatisé. Jeanne écouta le récit du hold-up, tout en se
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