C'est une erreur stratégique, symbole du manque de vision de la France”, dénonce Bernard Benhamou, président de l'Institut de la souveraineté numérique. L'erreur en question ? La décision du gouvernement français, en septembre 2024, d'héberger les données de santé de 10 millions de Français sur des serveurs américains, ceux du géant Microsoft. Dès lors, l'Hexagone est devenu dépendant d'une puissance économique étrangère pour accéder à ses propres informations. Pire, ces données - parmi les plus sensibles -s'ouvrent potentiellement en grand au gouvernement américain, en vertu de lois extraterritoriales comme la Fisa 702 ou le Cloud Act (2018). Bien sûr, étant donné le climat géopolitique, l'annonce a provoqué un tollé. L'État a finalement rétropédalé et lancé un appel d'offres afin de transférer au plus vite ces données vers des serveurs français ou européens. “Confier dès le départ l'hébergement à un consortium européen aurait permis de renforcer des acteurs locaux, et peut-être de faire émerger des champions de l'IA médicale, plutôt que d'offrir cet avantage aux États-Unis”, regrette Bernard Benhamou. CHANTIER COLOSSAL Dans la foulée, d'autres entreprises européennes réfléchissent, elles aussi, à rapatrier leurs données. De quoi voir se dessiner un véritable mouvement, à l'objectif ambitieux : doter notre continent d'outils numériques indépendants des superpuissances américaines ou chinoises et bâtir sa souveraineté numérique. Le chantier
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