Au-dessous de la « petite ligne du violon, mince, résistante, dense et directrice, il avait vu tout d'un coup chercher à s'élever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoquée comme la mauve agitation des flots que charme et bémolise le clair de lune. Que la sonate de Vinteuil désigne ou non une œuvre de Fauré, de Saint-Saëns ou de Reynaldo Hahn, comment ne pas reconnaître, dans la description de Marcel Proust, l'émergence du premier solo de piano de la Sonate pour piano et violon en la majeur de César Franck ? Une dédicace fructueuse Installé au vert à Combs-la-Ville, en un été 1886 où les températures jouent au yo-yo, l'organiste de Sainte-Clotilde se remet à la musique de chambre. Six ans après le succès mitigé de son quintette, après une série d'œuvres pour orchestre et pour piano, il choisit d'écrire une sonate pour piano et violon. Dans un contexte de rivalité grandissante avec Saint-Saëns, qui venait de faire créer sa Sonate op. 75 au sein de la Société nationale de musique (dont Franck allait prendre la présidence et Saint-Saëns démissionner en novembre suivant), le choix du genre n'est pas neutre. L'affaire fut rondement menée : la composition était bouclée à la mi-septembre. Dédiée à Eugène Ysaÿe, la sonate n'a pas été écrite pour lui. Sans doute Franck pensait-il davantage à Armand Parent, qui l'aida à finaliser la partie de violon. Mais quand la pianiste
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