Satisfait de la disposition de ses troupes, Cléombrotos II, roi de Sparte, rejoint le premier rang de ses 700 « Égaux », l'élite des hoplites grecs, dont il partage la vie depuis bientôt 25 ans. Tout est en place. Depuis une heure, les lourdes phalanges spartiates sont rangées dans la plaine de Leuctres, bourgade béotienne proche de Thèbes : douze rangs de profondeur sur un front d'environ 1 000 mètres. À l'extrême droite, place la plus exposée, donc la plus honorable, les Égaux. Viennent ensuite 1 600 néodamodes, anciens esclaves devenus presque citoyens, et 7 500 alliés, pas aussi solides que l'élite spartiate mais bons combattants. Ce qui préoccupe le plus Cléombrotos, c'est sa cavalerie, point faible des Spartiates : seulement 1 000 cavaliers légers, spartiates et alliés, contre des ennemis plus nombreux, plus aguerris et mobiles. Depuis deux heures, ces derniers s'agitent en tous sens, camouflant la petite armée de l'ennemi thébain d'un épais nuage de poussière… Que mijotent-ils ? En ce 3 juillet de l'an 371 av. J.-C., Cléombrotos a raison de se faire du souci. Dans quelques heures, son invincible armée sera humiliée, dispersée, battue. Lui-même reposera sur le sol, abandonné, le corps percé de plusieurs coups de lance. Et Sparte aura perdu à jamais le statut de première puissance grecque si durement acquis trente ans plus tôt contre Athènes. Mais l'écho de la bataille de Leuctres - modeste affaire opposant moins de 20 000 combattants - restera comme un
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