Comme chaque jour, Marjolaine s'était couchée juste après le premier film de la soirée. Elle avait emporté dans sa chambre une tasse de cette nouvelle tisane contre les insomnies que lui avait recommandée le pharmacien. Un mélange agréablement odorant de plusieurs plantes réputées aider à l'endormissement, comme la mélisse et la menthe poivrée. Elle s'était installée dans son lit, la tasse posée sur sa table de chevet et un bon roman entre les mains, un polar plutôt terrifiant avec un abominable tueur en série de jeunes femmes qui donnait bien du fil à retordre à cette pauvre policière, mère divorcée qui élevait seule ses trois enfants. Comme toujours quand elle attaquait une nouvelle lecture, Marjolaine s'était vite attachée à l'héroïne et regrettait déjà de devoir la quitter bientôt, puisque la capitaine Ludivine Beaufort semblait cette fois tenir une piste sérieuse. - Aymeric Masson ? s'exclama-t-elle en tournant la page. Je n'aurais pas parié sur ce type. Mince alors, je le trouvais tellement gentil et serviable, il cachait bien son jeu ! Trop poli pour être honnête, j'aurais dû m'en douter. Tu vas prendre perpète, mon bonhomme, bien fait pour toi ! C'est horrible ce que tu as fait à toutes ces pauvres filles. Lorsque Marjolaine lisait un roman, elle le vivait intensément. C'était un peu comme si elle faisait partie de l'histoire. Les descriptions des meurtres lui avaient glacé le sang à plusieurs reprises et souvent elle s'était relevée pour vérifier que toutes ses fenêtres et sa porte d'entrée étaient bien fermées. Vivre seule dans une maison qui craquait de façon sinistre des planchers à la charpente, et cela, toutes les nuits, lui donnait des angoisses. Mais elle l'aimait, cette vieille baraque. C'était son bien, elle en avait hérité d'une tante paternelle qu'elle n'avait vue que deux ou trois fois dans sa vie et qui l'avait miraculeusement couchée sur son testament. Une femme qui s'était retrouvée veuve après seulement six mois de mariage, n'avait jamais refait sa vie et n'avait, de ce fait, pas eu d'enfant. Pas étonnant, c'était une grenouille de bénitier qui ne devait pas être très rigolote au lit. Jeanne, elle s'appelait. Jeanne Lebrun, de son nom d'épouse.
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