Nous Deux - Le numéro 4089 du 10 novembre 2025

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« Nous nous sommes mariés en 1978. Claudine était thérapeute familiale, une femme d'une sensibilité rare, d'une force tranquille. Son métier l'avait entraînée à l'introspection, à l'humanisme. Au début de 2024, le diagnostic est tombé : récidive de récidive de cancer du sein, généralisé. Il lui restait dix-huit mois à vivre tout au plus, avec de lourds traitements. Étonnamment elle avait encore de l'énergie, mais avait toujours dit - depuis ses 20 ans - qu'elle ne voulait pas d'une déchéance lente et progressive. Elle voulait rester digne, garder sa féminité à mes yeux. Un matin de février, elle m'a dit : “Philippe je vais abréger ma vie. ” Et m'a demandé de la protéger : ne pas pleurer devant elle, ne pas chercher à la dissuader, tenir nos proches à distance des “bats-toi” ou “as-tu bien réfléchi ?” Elle voulait avancer en paix. Nous avons pris contact avec l'asso ciation Pegasos *, en Suisse, puis Le Choix -Citoyens pour une mort choisie **, en France. Monter le dossier, attendre l'accord, cela a pris des mois. Claudine trouvait ce délai interminable. Il fallait aussi procéder tout de suite au règlement (environ 12 000 €, auxquels s'ajoutent les frais de transport et d'hôtellerie), pour s'engager, vraiment, dans la démarche. En avril 2024, nous sommes partis ensemble en Suisse. Nos filles ont tenu à venir. À Liestal, petite commune du canton de Bâle-Campagne, nous avons découvert un lieu inattendu : une ancienne usine désaffectée décorée

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Item sans titre Principaux puits de carbone de la planète, les mers et les océans absorbent environ 90 % de la chaleur générée par la hausse des émissions de gaz à effet de serre et, chaque année, des records de température sont battus. Ainsi, cet été, la Méditerranée a frôlé les 30 °C au mois d'août ! Depuis à peu près un siècle, la température moyenne des océans a augmenté de 1,5 °C. Une moyenne d'un petit degré et demi qui traduit mal les écarts de température que doivent affronter la faune et la flore marines. Dès lors, cette hausse frappe dangereusement 70 à 90 % des récifs coralliens. Les scientifiques estiment ainsi qu'au-delà de + 2 °C, tous disparaîtront. L'année 2023, la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés, a entraîné un blanchissement

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Encore lui ? Quand le prénom de Lucas s'affiche sur l'écran de mon téléphone, je ne peux m'empêcher de soupirer. La barbe ! Il faut dire que moi, j'attends bien un appel, certes, mais pas le sien, celui de Mathieu. Oh ! Là, là ! Mathieu… il m'obsède. Hélas, ce n'est visiblement pas réciproque. C'était bien parti entre nous, pourtant ! Après le dîner où nous nous sommes rencontrés, nous avons passé une nuit ensemble. Pour moi, c'était le début, mais était-ce déjà la fin pour lui ? Il ne m'a plus jamais contactée et ne répond à aucun de mes messages. Alors, chaque manifestation d'intérêt venu d'un autre m'exaspère, me déçoit ou m'attriste, voire les trois à la fois. Pourtant, à cette minute, je finis par répondre d'un sec « allô ? ». - C'est Lucas, balbutie-t-il. J'ironise : - Pas possible ! Il rit, gêné, comme s'il se rendait compte soudain qu'il me harcèle à sa façon. N'ai-je pas refusé hier son invitation au cinéma, avant-hier un dîner en tête à tête, et la semaine dernière une proposition à assister à un match de foot ? À sa place, j'aurais compris mon peu d'intérêt pour son insipide personne. Mais non ! Il ne se décourage pas ! - Écoute, me dit-il, ma cousine qui est danseuse à l'Opéra m'a donné deux places pour ce soir. Ça te dirait de m'accompagner ? Il est toujours poli, Lucas. Trop. Ça m'agace. Par moments, je me dis qu'il a avalé son parapluie. Et j'ai bien envie de l'envoyer une fois de plus sur les roses, mais… À 28 ans, je n'ai jamais mis les pieds à l'Opéra. Pour une Parisienne, c'est désolant, non ? Il faut dire que, assistante dans un cabinet d'avocats, mon budget modeste m'interdit les dépenses plus onéreuses qu'une séance au cinéma ou une pizza dans le boui-boui du coin, alors, je saute sur l'occasion ! J'en oublie même de demander à Lucas quel ballet nous allons voir. Mon chevalier servant ajoute : - Rendez-vous à 19 heures dans le hall du Palais-Garnier. - Le… quoi ? Lucas m'explique

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Par le hublot de l'avion qui décolle, j'admire les lumières de Paris qui scintillent dans la nuit. J'aperçois les arbres et leurs couleurs automnales tout en me félicitant d'avoir pris la décision de partir. D'oser m'envoler à l'autre bout du monde, en Australie, pour retrouver, le temps de quelques semaines, ma sœur expatriée au pays des kangourous depuis bientôt quatre ans. Isadora a toujours possédé un caractère aventurier et audacieux alors que je suis prudente et mesurée en toutes circonstances. Du moins, jusqu'à ce que mon chef me sermonne pour ne pas avoir atteint un seuil de productivité plus élevé. L'injustice en travers de la gorge, j'ai pleuré avant d'ouvrir les yeux sur ma situation. À l'aube de mes 40 ans, un job dans l'audit financier qui me prend au bas mot quatre-vingts heures par semaine, sans compter les voyages incessants pour auditer les comptables de grandes entreprises européennes et une absence de vie personnelle pour diverses raisons, je voue ma vie au travail. Tout ça pour récolter quoi ? Une reconnaissance quasi inexistante et des remontrances injustifiées. Effectivement l'analyse minutieuse des comptes me passionne, je peux passer des heures à interpréter des colonnes de chiffres et calculer des balances commerciales, pour autant, j'ai également besoin de souffler et de découvrir autre chose. Ce voyage s'est imposé à moi et, en quelques jours, j'avais prévenu ma sœur, réservé mon billet d'avion et posé un congé de quatre semaines. Mon voisin de siège s'est endormi sitôt installé, un bandeau sur les yeux et le corps tourné vers le couloir. Au milieu de nous, la place est vacante, je peux donc savourer un minimum de tranquillité, ce qui n'est pas pour me déplaire. Une fois l'avion au-dessus des nuages, à une vitesse constante, je me détache, j'attrape un roman dans mon sac, celui qui traîne sur ma table de nuit depuis maintenant six mois et plonge aussitôt dans l'histoire. Durant les heures qui suivent, je somnole et me pelotonne dans le plaid fourni par la compagnie aérienne pour les vols de

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