Lorsque la porte de la chambre d'hôtel se referma doucement, Abigaïl, qui avait feint d'être endormie, ouvrit les yeux et se retourna sur le dos. Pendant longtemps, dans la pénombre, elle fixa le plafond sur lequel se dessinaient les ombres des branches des arbres qui, à l'extérieur, étaient malmenées par une tempête naissante qui prendrait de l'ampleur bientôt. Le jour se lèverait dans une heure et elle n'avait pas dormi. La dernière fois qu'elle avait véritablement dormi durant une nuit entière, c'était longtemps auparavant, dans les bras de l'homme qu'elle aimait alors plus que tout. Loïc. Cette nuit, c'était encore le diable qui avait remporté la bataille. Celui qu'elle avait au corps et qui se plaisait à sonder sa mémoire pour en arracher ses plus doux souvenirs. Et pendant qu'il lui faisait l'amour, il lui arrivait d'oublier pourquoi cette sensation de ne plus appartenir au monde des vivants la tenaillait à ce point. Mais ça ne durait jamais plus que quelques heures, jusqu'au petit matin. Suivant le visage que prenait le diable, il arrivait qu'elle le chasse avant même qu'il se soit rhabillé. La pluie se mit à battre la vitre de la fenêtre et le vent redoubla de puissance. Ici, en bord de mer, à Trouville, il était prévu qu'il atteigne et même dépasse peut-être les 130 kilomètres par heure. La veille, au journal télévisé, le présentateur avait exhorté les gens à ne sortir qu'en cas d'urgence et à sécuriser tout ce qui pouvait s'envoler. L'homme qui venait de quitter la chambre à pas feutrés serait vite oublié. Il ne resterait rien de lui, même pas son prénom. Mais il avait été correct, contrairement à d'autres. Il avait même été tendre, attentionné, il avait su lui donner du plaisir. Elle avait fait sa connaissance sur un site de rencontres où elle changeait régulièrement de pseudonyme. Il s'annonçait célibataire, à la recherche de l'âme sœur, mais c'était ce qu'ils prétendaient tous. Ce n'était pas important pour Abigaïl, il pouvait très bien être marié et père de famille, elle s'en fichait. Ça ne l'intéressait pas de le savoir. Sous son statut, en
Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4093 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.
Voir plus