L'histoire des Strauss trouve son origine dans le quartier de la Leopoldstadt, bordé par deux bras du Danube, « le roi des fleuves de l'Europe », chargé d'histoire. Peu de dynasties hormis les Bach peuvent s'enorgueillir d'une lignée de musiciens aussi célèbres. Lorsqu'il s'agit de rattacher une œuvre à un Strauss, un doute apparaît : Est-ce Johann I (1804-1849) ? Johann II (1825-1899) ? Josef (1827-1870) ? Eduard (1835-1916) ou son fils Johann III (1866-1939) ? A l'exception de Richard Strauss (1864-1949), le compositeur du Chevalier à la rose, d'Oscar Straus (1870-1954), partageant sa vie entre la composition et la direction d'orchestre, de Christoph Strauss (1850-1631), organiste à la Chapelle impériale de Vienne et cantor à la cathédrale Saint-Etienne, tous les autres se rattachent à la dynastie fondée par Johann Strauss I. Rien ne prédisait au début que ce dernier se destinât à la musique car ses parents, des taverniers, le vouaient à la reliure. Que d'épreuves jalonnent son parcours ! A l'âge de sept ans, il perd sa mère ; son père, entre-temps remarié, criblé de dettes, se noie dans l'un des débordements du Danube. Le métier de relieur imposé par son beau-père ne lui plaît pas ; il décide, au grand dam de ce dernier, de devenir musicien ambulant. Recueilli par un violoniste, Johann Polischansky, il s'adonne à la musique et entre comme altiste, à l'âge de quinze ans, dans l'orchestre à cordes du compositeur de valses Michael Pamer (1782-1827). C'est dans cette formation que Strauss se lie d'amitié avec Joseph Lanner (1801-1843). Il rejoint son Quatuor en 1822. Johann Strauss père connaît rapidement la gloire et détrône bientôt son ami. Ses voyages et ses compositions le sacrent « roi de la valse ». Histoire de la valse A Vienne, la valse, dérivée du Ländler, une danse paysanne, a trouvé son terrain d'élection. Son nom provient du verbe « walzen » qui signifie « tourner » en allemand. Elle triomphe à Vienne lors du Biedermeier. Cette époque s'étend du Congrès de Vienne (octobre 1814-juin 1815) à la révolution de 1848 où, selon la célèbre parole du prince de Ligne, « le Congrès ne marche pas, il danse ! » Ainsi apparaît la fameuse Gemütlichkeit, cette bonhomie viennoise, faite d'insouciance et de légèreté, en opposition à la politique réactionnaire de Metternich, aux commandes depuis 1809. La valse, où les partenaires virevoltent sur un tempo rapide à trois temps, ne se prête pas aux mouvements compassés du menuet et de la contredanse. Le premier temps très marqué donne l'élan, le deuxième se fait plus alangui et le troisième, encore plus lent, finit par entraîner les danseurs dans un délicieux tournoiement. « Lorsque nous en vînmes à la valse, […] les couples, comme les sphères célestes, circulèrent les uns autour des autres. Je n'ai jamais été si leste. Je n'étais plus un homme. Tenir dans mes bras la plus aimable créature, et tourbillonner avec elle comme l'orage », écrit Goethe dans Les Souffrances du jeune Werther. Lors des dernières décennies du XVIIIe siècle, la valse est prisée dans les salles de bal des capitales européennes. Enthousiastes, les plus jeunes adoptent la nouvelle danse. Toutefois, des esprits conservateurs trouvent immoral que les danseurs soient enlacés. Au milieu du XIXe siècle, la « reine des danses » finit par s'imposer dans les salons de la noblesse de toute l'Europe. Elle doit sa popularité à Johann Strauss père, Josef Lanner et à notre Johann Strauss fils. Johann junior : Résister au père Le 25 octobre 1825, Johann vient au monde dans une maison de l'actuelle Lerchenfelderstrasse, au no 15 (St. Ulrich bei Wien). Plusieurs enfants suivent bientôt le petit Johann dans le foyer. Le bambin est assurément doué. A sept ans, Schani (ainsi l'appelle-t-on) compose un air de valse, Premières Pensées (Erste
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