Une semaine après le retour de son expédition en Inde, Alexandre commence à souffrir de diarrhées, de vomissements et de maux de ventre. Son état empire, les fièvres succédant aux fièvres jusqu'à la nuit du 29 du mois de daisios du calendrier macédonien (soit le 11 juin 323 av. J.-C.), où il tombe dans un coma profond. Les médecins se relaient autour de son lit et chacun fait le même constat : le malade ne réagit plus, mais son pouls et sa respiration restent réguliers. Les pleureuses sont convoquées, au cas où… Et dans les casernes, ses généraux rassemblent leurs troupes en préparation de la guerre de succession qui va, on en est certain, suivre sa mort. Car Alexandre n'a pas d'héritier, sinon l'enfant que porte encore sa femme, Roxane, la fille d'un puissant chef bactrien qu'il a épousée quatre ans plus tôt. Mais contre toute attente, le surlendemain, Alexandre ouvre les yeux et demande à boire. Bientôt, il se lève, il marche. C'est ici que commence le scénario alternatif : le Conquérant du monde ne meurt pas à la fleur de l'âge. Un microbe moins virulent, un système immunitaire plus efficace, tel est le point de bifurcation. Le Macédonien intrépide paraît rétréci, mais aussi assagi, comme s'il avait soudain pris conscience de sa fragilité. Un nouvel homme revient de la mort Ses proches le trouvent amaigri, fatigué, mais surtout… muri. À 32 ans, Alexandre va inaugurer, après la vague de ses conquêtes que les historiens ont appelées le « règne du bronze », une période de consolidation et de construction de l'empire qu'on connaîtra plus tard sous le nom de « règne du marbre ». À peine remis sur pied, Alexandre veut reprendre les rênes de son empire. Il chasse les flatteurs, les docteurs et même la famille, et il convoque ses principaux ministres. Mais quand il apparaît, émacié, flottant dans une sorte de tunique de laine brute, ses conseillers se regardent les uns les autres, confus. Où est passé le vaillant guerrier, celui qui, couvert de ses insignes royaux, la tête protégée par ce casque reconnaissable entre tous, prenait pied le premier sur les murs de Tyr ? Celui qui, à Issos, chevauchait à la tête de sa cavalerie, sa cape bordée de pourpre volant au vent ? Il était alors, comme le dira l'historien allemand Ernst Curtius, « la principale cible des tirs ennemis » … Qui pourrait bien retrouver le conquérant de l'Inde, le dompteur de l'Égypte et le vainqueur de l'Empire perse dans ce frêle personnage qu'un reste de fièvre oblige à se tenir des deux mains à la table du conseil ? Le Macédonien intrépide paraît rétréci, mais aussi assagi, comme s'il avait soudain pris conscience de sa fragilité. À ses
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