Nous Deux - Le numéro 4081 du 15 septembre 2025

Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4081 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.

Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4081 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.

Comme autrefois, le trajet entre l'aéroport et le centre d'Istanbul longeait des banlieues urbanisées, avant de franchir les murailles de l'antique Constantinople, toujours debout depuis deux millénaires. Le cœur de Magali se mit à battre plus fort. C'était la première fois qu'elle retrouvait la ville après trente ans. La délégation de l'Unesco qu'elle accompagnait, en qualité de chercheuse en histoire de l'art, s'intéressait notamment à la conservation des monuments de l'époque byzantine encore existants à Istanbul. Personne, parmi les membres de la délégation, n'imaginait que la vocation d'historienne de Magali était née ici, lors d'un voyage d'études organisé par son université. Elle avait alors 20 ans et découvrait l'Orient. Elle n'imaginait pas, elle non plus, que le passé allait lui faire, à l'occasion de ce second voyage, le plus romantique des clins d'œil. Les taxis déposèrent le groupe devant l'hôtel Pera Tulip, dans le quartier moderne de Taksim, et chacun alla prendre possession de sa chambre avant de se retrouver au restaurant de l'hôtel. Le menu international et les services que proposait cet hôtel auraient pu se rencontrer n'importe où ailleurs. Un petit tour dans l'avenue Istiklal acheva de décevoir Magali qui espérait tant raviver ses souvenirs de jeunesse. Bien sûr que le quartier de Taksim, moderne et impersonnel, avait toujours été différent de la presqu'île, le cœur d'Istanbul, mais tout de même… Elle avait sympathisé dans l'avion avec Giulia, une Italienne spécialiste de Sinan, le grand architecte ottoman du XVIe siècle. Leur conversation avait débuté autour des mérites comparés de l'art byzantin et de l'art ottoman puis avait dévié sur leurs vies privées réciproques. Giulia collaborait au cabinet d'architecture de son mari et se désolait de n'avoir pas eu d'enfants. Magali, elle, avait perdu le sien d'une leucémie à 4 ans ; son couple, ravagé par le drame, n'avait pas survécu. Leurs vies blessées les avaient rapprochées, mais Magali n'était pas allée plus loin dans ses confidences :

Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4081 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.

Laura entrebâilla la porte de la chambre de son fils. Benjamin jouait avec ses figurines de La Guerre des étoiles , casque sur les oreilles, il ne prêta pas attention à elle. Elle déposa les vêtements qu'elle venait de repasser dans son armoire avant de ressortir sans un bruit. Benjamin souffrait de troubles autistiques et il avait besoin de ces moments de tranquillité qui lui permettaient de s'isoler du monde angoissant dans lequel nous vivons. Laura avait appris à se contenter des rares instants de tendresse qu'il acceptait de lui donner et de ses triples bisous du soir. Elle regagna la cuisine et consulta la liste qu'elle avait préparée afin de ne rien oublier pour le lendemain. Elle redoutait depuis longtemps ce jour. Benjamin, qu'elle considérait encore comme son bébé malgré ses 11 ans, allait faire sa rentrée au collège. Après beaucoup d'hésitations, le proviseur avait enfin accepté qu'il intègre une classe de sixième classique. Il n'avait pas été facile pour lui d'admettre que, malgré ses nombreuses années d'école à la maison, Benjamin avait d'excellents résultats. Elle avait banni les pronostics de certains qui annonçaient que Benjamin ne pourrait jamais suivre une scolarité normale. Laura y était pour beaucoup : elle avait mis entre parenthèses sa carrière d'institutrice pour se consacrer à l'instruction de son fils. Frédéric, son ex-mari, avait su l'épauler et était aujourd'hui très fier. Laura regarda sa montre, il allait bientôt arriver car il avait promis qu'il dînerait avec eux et qu'il serait à leurs côtés le lendemain pour conduire Benjamin au collège. La sonnerie de la porte retentit, il avait toujours été très ponctuel. Laura se précipita et fut très étonnée de trouver Victoire sous le porche. C'était l'amie d'enfance de Benjamin depuis ses 5 ans, il se plaisait à dire qu'elle était son amoureuse. Elle habitait le pavillon voisin et tenait à être présente pour cette soirée très spéciale. Laura était d'ailleurs rassurée de savoir que

Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4081 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.

Dès que la voiture de Janice s'engagea dans l'allée du jardin, Anne-Marie sortit et courut pour enlacer sa fille. - Comme je suis heureuse de te voir enfin, ça fait si longtemps ! Je ne sais même pas pour combien de temps tu es là, tu étais bien évasive au téléphone, on aurait dit que quelque chose n'allait pas. Maxime n'est pas avec toi ? Janice adressa un sourire embarrassé à sa mère, puis elle alla ouvrir le coffre d'où elle sortit deux grosses valises. - C'est fini avec Maxime, je vais tout t'expliquer. Je m'installe à la maison pour un moment, si ça ne te dérange pas. - Ma pauvre chérie ! Mais… ton travail ? Viens, tu vas tout me raconter autour d'un bon repas. Je me suis levée très tôt pour te cuisiner de délicieuses lasagnes aux légumes, comme tu les aimes ! Janice prit une valise, sa mère, une autre. Quelques minutes plus tard, les deux femmes s'installèrent autour de la table. Anne-Marie avait dressé le couvert une heure plus tôt, impatiente de retrouver sa fille unique qu'elle ne voyait plus très souvent depuis qu'elle s'était installée en région parisienne avec Maxime. - Je ne pouvais pas continuer à travailler pour lui, il me faisait une vie impossible. J'ai donné ma démission. Je m'en sortirai, maman, ne t'inquiète pas. Je pourrais ouvrir mon propre cabinet d'architecture. Avec Maxime, j'avais l'impression de tourner en rond, il m'empêchait d'exprimer ma créativité, il était devenu étouffant, autoritaire… tyrannique. Mais j'ai acquis de l'expérience, je peux désormais voler de mes propres ailes. Je sais que tu l'aimais bien, mais… Anne-Marie déposa une énorme part de lasagnes dans l'assiette de sa fille puis elle versa du vin dans les verres. - La dernière fois que vous êtes venus ensemble, j'ai remarqué qu'il y avait un problème. J'ai pensé que vous aviez eu une petite dispute et que tout allait s'arranger. Je veux ton bonheur, rien d'autre. Janice hocha la tête. Les lasagnes étaient délicieuses mais elle n'avait pas très faim. Même si la vie commune était devenue insupportable et qu'elle se sentait libérée de l'emprise de Maxime, une part d'elle l'aimait encore. Ils étaient ensemble depuis l'université et elle avait vraiment cru

Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4081 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.

Lui. Gabriel étouffa un bâillement. Il avait besoin de sa dose de caféine. Comme chaque matin, le trentenaire s'était levé à 3 h 30, s'était préparé puis avait enfourché son scooter pour traverser Paris et arriver au studio d'enregistrement une heure avant le début de Matin Bonheur, l'émission télévisée dont il était le présentateur depuis quatre ans. Fred, qui connaissait ses habitudes, posa devant lui un café noir, tandis que Rosa attrapait l'éponge à fond de teint. - Bois-le avant que je commence, sinon tu auras affaire à moi ! L'avertissement était inutile, c'était la même rengaine chaque matin. Gabriel sourit. La séance de maquillage achevée, le jeune homme alla s'installer à sa place dans le décor de l'émission. Il connaissait cette routine par cœur : le générique, le décompte, les caméras braquées sur lui, et les chroniqueurs se succédant sur le plateau. Comme souvent, il avait opté pour une chemise blanche, un pantalon Chino bleu marine et des baskets tendance. Un look que le public appréciait autant que lui. Il savait que les téléspectateurs, et surtout les téléspectatrices, aimaient son sourire doux, son élocution parfaite et sa façon respectueuse de mener les interviews ; chaque jour la rédaction recevait un nombre incalculable de courriers, de mails et de commentaires sur les réseaux sociaux. La chroniqueuse cinéma, une jolie femme aux cheveux toujours impeccablement coiffés, quitta le plateau. Dans l'oreillette, la voix de Fred l'avertit : l'invitée prévue pour l'interview était en retard, il devait « meubler ». Gabriel détestait ce genre de situation, comme il détestait que les invités n'arrivent pas à l'heure. En plus d'être impoli, cela perturbait le rythme de l'émission. Très pro, Gabriel lança le sujet suivant : les feux de forêt dans le sud de l'Espagne. « C'est bon, elle est arrivée ! » lui souffla-t-on dans l'oreillette. Le temps de se faire poudrer un peu le visage pour ne pas briller à l'antenne, et elle

Le contenu complet de cet article est réservé aux abonnés. Vous pouvez également acheter Nous Deux n°4081 au format digital. Vous le retrouverez immédiatement dans votre bibliothèque numérique KiosqueMag.